Yin Lichuan, comment m’est venu ma philosophie de la vie

Yin Linchuan est une jeune femme, Yin Lichuan est chinoise, elle écrit aujourd’hui et surtout de la poésie qui ne ressemble pas à de la poésie, d’ailleurs voila quatre nouvelles dans la Chine d’aujourd’hui, d’où peut être le titre.

Oui mais voila les jeunes chinoises ne sont pas les seuls habitants de Pékin, il y a les cafards qui littéralement ont décidé de coloniser la mégapole, alors que faire quand on est une jeune femme éprise de poésie, la lutte s’engage. Et puis il y a la vie la nuit, les multiples amours d’une jeune épouse, c’est une autre façon de voir la ville, par sa faune, nocturne celle là. A ce stade du petit livre, on a compris que rien n’est simple et que la légéreté et l’ironie sont de mise, c’est comme cela que la philosophie vient aux filles …

Née en 1973, Yin Lichuan est également l’une des poètes phare de la nouvelle poésie chinoise, elle écrit énormément de poèmes sur internet et parle crument de la réalité que vivent les jeunes de Chine. Elle est également cinéaste [voir la présentation ici], écrit des romans et est surement une des meilleures façon de s’immiscer dans la nouvelle Chine.

Yin Lichuan, comment m’est venu ma philosophie de la vie , aux éditions Picquier.

Pour aller plus loin :

Un portrait de l’écrivain sur Babelio
L’écrivain est aussi cinéaste,  portrait sur critikat

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Attitude de Yu Ichi

YU-ICHI transmet son énergie artistique par des caractères « kanji » logographiques, qu’il utilise comme une métaphore pour communiquer son message artistique, son état intérieur. Se faisant, il ne se concentre pas sur l’aspect esthétique des caractères mais plutôt sur le développement sans retenue de sa force intérieure directement exprimée par l’écriture. Il dépasse la calligraphie traditionnelle et atteint à une radicalité © Japan art, ( http://www.japan-art.com/index.php?id=9&kid=3 )

yu ichi inoue

La tension de yu ichi ne nécessite pas que l’on parle, voire que l’on se taise, cela lui est indifférent. Il s’agit d’énergie et de tension intérieure qui libère une puissance artistique et habite l’encre, kanji si tu veux, encre surement et la trace d’une vie sur le bitume, dans l’éther brûlant d’une vie qui se consume, par la volonté du crin.

Le Noir sur le blanc conçoit tout, retient enfermé des milliers d’oiseaux dans la nasse de l’encre qui libère quand le corps enfin redonne un corps au corps, de l’effort, il y a les traces de ce passage comme des chapeaux de roue ou des traces de pneus dans la neige.

Des fumées maléfiques. On parle de fulgurance mais c’est un animal, une plante, un astre, un gong en plein furie. Un jet qui casse le mur du son, condensé, délié il crache, éructe, or ou est psaume

Comment faire preuve de l’écriture ou prendre le tracé à rebrousse-poil.

C’est que je regarde le pinceau plutôt que la masse des muscle, je vois l’énorme culture mettre l’espace en mouvement transmettre au caractère l’étoffe et la peau hérissée. On ne voit bien que l’encre épaisse et est écarté le redondant comme le fait sur le sol l’homme accroupi qui s’apprête à écrire.

yu-ichi_bio_atl_01_500pxPour aller plus loin :

Yu ichi .com
Sur artsy
une biographie
et sur japan Art

Noako Sekine

tumblr_mgd1xipIg11ry7tyuo1_1280

 Que passe de l’émotion d’appartenir à plus grand que soi comme perdu dans la brume ou sur le grain infini de l’océan, la poussière d’un ciel et l’étincellement d’un sous bois. C’est être poussière soi même et ne recourir à aucun stratagème. Uniquement marquer le pas.

Même si le travail de Naoko Sekine rejoint les préoccupations de l’art japonais et de celui pratiqué de notre époque

Que nous dit la surface ? par la texture, le grain la surface ? sa position dans l’espace

On passe de l’émotion et du trait qui véhicule le sens à l’élaboration d’une œuvre extrêmement complexe se délaissant du motif et de l’implication du sens qui fait état de la réalité quasi physique du monde. dessinant non l’intention mais par la pointe (mécanique) faisant vivre comme le pigment de la peau par où le corps respire. Cette réalité du monde a beau être véridique, prend les chemin de l’abstraction sensuelle la plus totale  et se situe avant l’histoire qu’un trait à main levé serait supposé dire, là le corps que nous sommes, dans l’espace aborde un tableau qui visuellement est lui même un corps, que ce soit parce que nous nous approchons ou qu’il pulse de par sa présence et sa texture supposée. Ainsi un point est un point et un trou un trou qui parle en tant que tel pendant que la lumière est un phénomène physique extrême, du noir au blanc, aux tons qui subtilisent et déclinent.

 

Pour aller plus loin :

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pavillon turquoise

double lumière

galerie Azito

MA2 gallery

 

Hokusai par Teshigahara

Le Hokusai de Teshigahara , un film de 1953, grand cinéaste parle de grand peintre, on y voit toute l’admiration d’un artiste pour un autre, une tentative de servir et d’aller au plus près en approchant la caméra de l’entaille dans le papier pour voir ce qui s’y cache, s’il y reste un peu de vie qui serait resté là, évidemment que oui , il semblerait que la source se soit mise à rejaillir loin de tout calme, sérénité ou excès de politesse japonaise, ça fuse.

Il y a toujours une puissance à vif dans les vies des peintres, je pense à Hogarth et sa vendeuse de crevettes, à Turner partant bougon sur le motif, à vif dans la lumière, les peintre sont exposés comme un corps de grenouille à la vue de tous, cela passe par l’esprit et par la main mais le dessin, le tableau une fois fait, vaut bien le cadavre vibrant et l’ouverte des entrailles de la grenouille. Hokusai rit Hokusai pleure dans ses dessins, il agite le doigt qui dit je suis vivant, et le plumeau et le pinceau et le crayon je ne puis disparaitre, regardez moi faire le pitre , regardez comme la vie est tumultueuse dans mes dessins, ne sont pas des vues zen de l’existence, n’ont rien de convenu , de répété, zen elles le deviendront avec l’age, mais voyez comme aujourd’hui je suis vivant.

finalcover_1Or tout était vivant dans ce Japon d’Edo, tout à la manière d’un homme orchestre, je pense à “parade” de Cocteau et Satie, la musique du shakuhachi, le chant et les voix, les intonations , l’énergie entièrement concentré dans le corps monte poussée vers la tête, dans la langueur et la force rude des scieurs de bois, fougue des foules, des acteurs de Kabuki ou de noh,  des chants à la distance mélancolique du Shakuhachi.
Il faut regarder ce film  comme on regarde une peinture, de manière inquiète et convulsive, comme les milles images d’un film qui condenserait l’œuvre dans une succession espérant dévoiler le mystère. On a rarement l’occasion de rentrer dans les mouvements d’une caméra et quant à la peinture, souvent on ignore qu’elle en a une, et il faut user de subterfuge,  pas à la façon rêveuse de Kurosawa plutôt le tumulte du peintre et de l’époque qui regarde, il peint et la camera  nous le fait songer, apparent aux yeux. Il y a du manga dans l’air, la carpe, on voit par ses yeux, tombe ou remonte le courant.

Hokusai, carpes dans la cascade

Hagiwara Sakutarô et l’esprit moderne

Hagiwara Sakutarô est l’un des poètes maudits de ce Japon en pleine révolution moderniste il est considéré comme le père de la poésie moderne japonaise, celui qui ne fait plus appel à la tradition et s’en remet entièrement à l’esprit moderne. Il représente l’effort furieux de coller à cette fascination pour l’occident moderne et dans son cas avec toute la puissance d’un art sans concession, rompant avec les traditions et ramenant dans ses filets l’esprit de l’avant garde européenne. Comme un filet sorti de l’eau et qui s’égoutte, Il n’a que faire de la tradition japonaise. C’est un art sans repos, constamment  sur le fil du rasoir  qui, dès qu’il s’en éloigne, perd de sa force. Il est l’image même d’un art de la transgression au Japon.


田中恭吉・画、萩原朔太郎著『月に吠える』感情詩社、大正6年 TANAKA Kyōkichi illustration for HAGIWARA Sakutarō’s groundbreaking, first book of poetry Howling at the Moon, published in 1917.  Hagiwara is often considered the “father of modern Japanese poetry.”

田中恭吉・画、萩原朔太郎著『月に吠える』感情詩社、大正6年
 illustration de TANAKA Kyōkichi pour “Hurler à la lune” le premier livre d’HAGIWARA Sakutarō’s  ,publié en 1917.

Un art de rupture né du pressentiment C’est un des poètes majeur de l’ère Taisho, cette époque où le Japon est propulsé dans la modernité par l’influence de l’occident. Les jeunes d’alors ne se découvrent plus dans l’assurance d’une tradition mais dans la fournaise d’un monde qui fonctionne en dépit d’eux et dont ils doivent découvrir les règles. Un autre univers dont ils n’ont qu’une vague notion mais qui est l’astre qui les chauffe et les fascine. Le roman de Pa Kin “Famille” montre bien cet état d’esprit, où la tradition ne peut simplement plus fonctionner et un nouvel oxygène est nécessaire. Il n’y a que le choix de se jeter dans la grande eau et celle ci est déstabilisante, l’abandon de l’ancienne peau traditionnelle est douloureuse, traumatique. L’exemple du poète Soseki  : désirer le monde nouveau d’occident mais le haïr car son monde n’est pas un monde heureux et si loin de l’esprit du Japon. Mais le Japon est aussi une terre de défi, d’effort violent et d’adaptation continuelle à la nouveauté. De nombreux esprits sont chauffés à cet hélium déstabilisant qui détourne de la tradition tout en propulsant les jeunes japonais dans une attitude qui n’est pas la leur. Hagiwara Sakutarô est l’un des poètes les plus extrêmes de cette tendance .


Né le 1er novembre 1886 à Maebashi, au Nord de l’île de Honshû dans une famille aisée, son père est médecin et sa mère descend d’une famille de guerriers (samouraï?). Très tôt il manifeste une santé fragile, tant physique que psychologique et semble être une de ces personnalités à part , tant mélancolique que solitaire, fasciné par les objets d’Europe et sa vie intérieure parait riche et prépondérante. La poésie, le tanka, forme courte du poème commence à l’intéresser et il se met à publier. Il n’est encore qu’un écolier, il n’a que faire de l’école mais y est obligé par la nécessité de la vie sociale et celle d’avoir un métier. Il ne s’y résout pas, ce passage obligé s’oppose tout simplement à ce que son être préfère c’est à dire la poésie et cette vie de l’esprit qui a ses propres règles. La vie poétique et l’art occidental, le monde qu’il devine n’est-il qu’un miroir aux alouettes ?  Chaos scolaire qui montre que de tous les projets de vie il n’y a que celui de l’art qui lui convienne. S’émanciper et apprendre de l’étranger, lire les philosophes, Nietzsche, Poe, Dostoïevski. devine l’esprit de l’époque et les grands thèmes. La création poétique va s’éprendre de ce terreau là, liberté et fascination intellectuelle pour les créateurs extraordinaires qu’il connait mais aussi prépondérance du réel et du concret, réalité humaine psychologique et sociale sont un socle. La littérature japonaise même si elle est dans une dynamique de transformation en reste très éloignée et les questions lui sont posées de très loin.

Les trois corbeaux sur la bannière de Hakushû.

Les trois corbeaux sur la bannière de Hakushû.

En 1911 il s’installe à Tokyo. Il se nourrit d’art et de musique, surtout l’occidental, apprend la mandoline et est en révolte contre une société tentée par l’extrémisme. On le voit en rupture et son rêve est de partir pour l’Europe. Puis rapidement il fait la rencontre de gens qui seront ses amis en poésie : Kitahara Hakushû, Murô Saisei, Yamamura Bochô avec qui il se retrouve, envoi ses poèmes aux revues et crée le groupe le Cercle poétique de la sirène. A partir de là il lui parait évident  qu’il lui faut se mettre sérieusement à la composition poétique e aller jusqu’au bout du chemin.

Les groupes poétiques, les revues, les collaborations et les amitiés vont se retrouver prépondérantes, on n’est pas trop de plusieurs pour faire naitre ce qui n’a pas encore d’existence et ne se retrouve nulles part autour d’eux. La vie dont ils parlent est à l’état d’énergie qui fuse, et il leur faut la capter. La naissance de la revue Kanjo (Sentiment) avec Muro Saisei va donner corps à cette envie.

112867_611324La mélancolie tente la forme libre Il est aussi cet être tourmenté et complexe, et les questionnements moraux, les tourments religieux, le ferment musical ou poétique sont au cœur de ses interrogations ainsi peut être que dans sa santé fragile et précaire, son goût pour la solitude et son tempérament mélancolique. Les philosophes nihilistes l’ont nourrit, les écrivains qui puisent dans la vie sordide et non celle rêvée des prosateurs et faiseurs de haiku, la maladie, la folie, la pauvreté sont des mots qui ont tout leur sens. Mais la nostalgie et la mélancolie, comme pour bon nombre d’écrivains japonais de sa génération ou de ceux qui vont suivre, sont toujours là, car l’époque est de rupture et les hommes tiraillés entre plusieurs bords, même à leur corps défendant. 112863_611300

Mais la modernité c’est aussi l’insatisfaction, le décalage d’avec l’harmonie et le poussoir du langage par le corps, le monde, l’esprit et la maladie. Tout cela à la fois va pousser ce qu’il est vers ce qui s’impose à lui et sans qu’il puisse se mouler, n’ayant d’autre choix, sans se mentir que de s’inventer, inventer, aller au fond d’une douleur, prémices de la mort et de l’hécatombe, de l’obstination à survivre, à se coller à ce qui est, demeure du chaos et du présent qui se pousse devant lui.

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Couverture de “Aoneko”

S’éloigner des formes codifiées et versifiées, accueillir le langage de tous les jours,  les mots populaires, faire miroiter la vie elle même dans ce qu’elle a de moins esthétique même si pourtant, la musique et le lyrisme sont  toujours présent. Difficile paradoxe de l’importance exclusive de la musique et du monde, chaun s’excluant l’autre, parvenant à une victoire dans la défaite de chacun. Faire vivre le style libre, une prose poétique qui ne soit plus ampoulée, suivre l’exemple des poètes européens qui poussent toujours plus loin ce paradoxe. Et si la recherche d’une nouvelle direction poétique et d’un langage moderne est bien entière, sa poésie sera nourrie de l’entre-jeu et des allers retours entre ces différents éléments, la vie réelle telle qu’elle est en lui, sentiments angoisses et pensées fortes poussant la réalité de l’existence dans sa forme quotidienne nourrit les textes qui en créent de nouveaux. Tous ces éléments se retrouvent liés, comme ligués pour faire sortir la poésie d’une diction convenue qu’elle ne peut plus être. Elle n’est pas non plus dans la réflexion et le projet intellectuel et le vouloir dire. Elle est dans la vie elle même,  physique ou morale. Dés lors ces éléments biographique et le parcours qu’ils induisent deviennent l’œuvre lorsqu’ils deviennent poésie.

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Tsuki ni hueru, “hurler à la lune”, son premier recueil parait en 1917. Il frappe par la nouveauté  et la naissance d’une nouvelle esthétique dans la littérature japonaise. Les poèmes du livre sont écrits avec des mots simples de la langue parlée, il parlent de la vie, mêlant pensées complexes et peurs et angoisses. Ce qui est de la vie de l’individu est rendu à la poésie dans une forme libre, non corseté, sans détour par une forme distanciée, au contraire rendu proche de l’expérience et ceci est d’une grande nouveauté. Les peurs et les angoisses si profondément ancrées dans la personnalités continuent d’exercer un poids sur la condition mentale et spirituelle. Freud n’est pas loin et le sexe et l’Eros habitent certaines pages, malheureusement coupées par la censure.  Donner au langage populaire ce poids et  cet élévation poétique, voila qui n’avait jamais été fait.  Mais la leçon ne réside pas uniquement dans une transposition lexicale, c’est tout une inspiration, un souffle, un style qui est populaire et témoigne d’une telle richesse. La poésie et la littérature coulent de façon fluide avec la force d’un torrent. L’imagerie poétique est renforcée aussi par une égale puissance graphique grâce au travail d’Onchi Koshiro, le peintre qui a su insuffler autant de modernité dans ce pavé dans la mare qu’était ce livre, hurler à la lune , voila qui est dit !

D’autres publications suivront, “le chat bleu” (Aoneko)L’Île de glace” (Hyōtō ) qui poursuivent sa vision de la poésie et de la littérature, continuant à créer cette poésie moderne japonaise, d’autres œuvres, des aphorismes, de la prose, des essais jusqu’à sa mort en 1942.

pour aller plus loin:

– Site de référence sur poètejaponais.fr , un site très complet, bien documenté qui offre de nombreuses informations sur la vie et l’oeuvre de Hagiwara Sakutakô
Sur google books le très beau livre de Makoto Ueda Modern Japanese Poets and the Nature of Literature
sur enote (essays)
Sur Asymptote, une présentation de Hagiwara par son traducteur Hiroaki Sato
Sur penamerica

des éléments biographiques mais aussi des extraits de “Hurler à la lune” en anglais
sur pip project
sur Jérôme Rothenberg’s poem & poetics et Jacket2
sur poem hunter 

ainsi que Deux poèmes traduits en français
Bibliographie (en anglais)
the iceland”
Cat’ townHowling at the moon

Le Japon comme une fiction

01c7ad781fe8f4a40c056035a370e4422df7e5ef00Qu’y a t’il de plus dans ce Japon, multiforme, du passé, du présent, visuel, sensible, intellectuel ? N’y a t’il pas quelque danger à se laisser enfermer par un sujet qui risque de se scléroser . C’est justement que le Japon et les traits qui sont peints autour de ce cœur, est multiforme à l’égal du monde, a su se rendre compte que le monde soigneusement codifié dans l’archipel, si divers et cohérent, le dépassait. Le Japon comme une exception retient l’attention de tous et est un point de référence pour ceux qui n’y sont pas attachés. Ainsi le papillon, le noir qui faisait l’amour sans se fatiguer à Eroshima, du poète qui était de nul lieu, de l’écrivain qui relate les vies des enfances de tous les bords.

Tous  les fils du monde sont reliés entre eux et se retrouvent dans l’archipel, sous une mimique caricaturale digne d’un acteur de kabuki, les bureaux des gratte ciels sont les mêmes qu’à Paris et les fils électriques ne cessent d”accumuler les possibilités des paysages urbains, comme ailleurs et plus qu’ailleurs il y aurait un beau besoin d’un coup de gomme et ils courent à faire  oublier ces jardins et petites rues intimistes, vertes et couleur bois de Nara. Qu’à la réalité de tellement électrifiée, pourquoi courent ils en l’air alors qu’l y a tant de recoins, de masures cabossées et de portes coulissantes, de boutique grasses où l’on vend des nouilles?

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Ce sourire et cette distance raccourcie, ce nord fraichissant et à la merci d’un sud, des typhons et des bourrasques de neige, ce vert consistant et ces côtes découpées, que viendrai-je chercher ici et pourquoi le monde ne me suffit il pas? Sur cette pointe qui oublie la mer, les nouvelles du monde sont nombreuses, joyeuses cette insistance que le monde a de remplir jusqu’à l’écœurement la carte et les vies d’ici bas, le Japon est envahi de l’intérieur par la multiplication, Y a t’il un chemin qui débouche sur une baie, passage vers les autres iles de l’archipel? Le temps n’est  que l’espace que l’on se ménage par le nœud que l’on fait à son vêtement, le sablier dépend aussi de la nécessaire cordialité, l’attention que l’on porte aux autres et qu’ils exigent. Il ne s’agit pas d’effacement, n’y a t’il aucun recul, une distanciation qui dise que le monde n’est qu’un état d’esprit, que l’on peut adapter le noeud que l’on fait au temps à son vouloir et qu’à s’agiter il est possible  de ne plus croire aussi fermement à l’existence. Le sourire est aussi une enclave possible.  Pas un seule façon d’être au monde et dans le corps de celui ci, tirer la couverture à soi. C’est une fiction pacifique dans laquelle on ne croit guère qu’amusé et comme une possibilité, on la fait dévier à qui mieux mieux, hors piste du monde dans un espace délimité où il est bon de faire des glissades, tout n’étant pas lié dans une création à l’égal d’une soupe mystifiante mais un jeu de rôle, ronde où l’on peut rentrer et sortir à volonté, Le Japon est-ce ce lieu, de nul lieu et du Japon disait Dupin ? N’est ce pas plutôt jouir de l’hypothèse la plus réjouissante et ne pas accepter de quitter la partie que lorsque l’on est sur d’avoir bien perdu, la face tout au moins, le corps n’ayant que moins d’importance.

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De sorte que parler du Japon c’est parler du monde, mais d’un promontoire que l’on a choisi pour son confort, sa beauté et sa négation même, il sera peut être un moment où il sera possible de dénoncer l’entreprise comme une mystification et disparaitre dans la mer au son du shakuhachi.

Des pages pour le peintre aux doigts d’encre

“J’ai toujours voulu pouvoir me promener dans une image comme dans la vraie vie, les couleurs, le bruit, et les allusions aux lieux, au passé, à l’histoire, à la littérature. La mémoire n’est pas seulement visuelle, elle se souvient aussi des sons et des odeurs, du gout des choses et des sensations, des gestes et du toucher, de la texture de ce qui a été manipulé, palpé, caressé, que ce soit sable, chair ou papier … Comment dire tout cela d’un seul trait d’encre”.

” Car ne pas savoir les dessiner, c’était les laisser mourir une deuxième fois, alors que moi je voulais les faire revivre par la fluidité de l’encre “

Hokusai au doigts d’encre, Bruno Smolarz, Arléa 2011

#lectures , ici tenter de laisser mes lectures faire des signes, pas de critiques ni de recension, je n’aime pas ça, mais quelques signes et plus, si la plume se met à courir. arton839

Je n’aime pas tellement les voix étrangères lorsqu’elles parle d’un sujet où elles doivent traverser une frontière incertaine, là Hokusai ou le Japon d’Edo, il y a souvent un coté apprêté, étudié et laborieux, sauf si l’écrivain est un amoureux, qu’il se déplace réellement pour rencontrer l’objet de son amour. Wenceslau de Moraes, les lézardes et les calligraphies des “portraits de Tokyo” de Michael Ferrier, la voix de Donald Richie font exception et parfois les étrangers parviennent à capter quelque chose de ce qui les fascine. Même si je préfère écouter les voix et les saisir au vol, le livre sur Hokusai est un beau voyage.

Dans un style simple et direct, comme quelqu’un qui sortirai dans la rue et se mêlerai à la vie qui coure, l’auteur ouvre la bouche à la voix d’Hokusai qui, jeune garçon, entame une course contre la montre et peint jusqu’à la mort, joyeux de découvrir ce qui lui rend la vie si chère et qui s’en empare. Il y parle du dessin, de la vie qu’il veut capter, de son envie d’être vrai et de ne pas se satisfaire de peu, sa détestation de la copie et puis il faut relever le défi.

fébrile et intense nous sommes dans les ateliers d’Edo de cette époque (1760 et au delà) près de la Sumida et dans les quartiers à l’est du fleuve et c’est là que nous commençons à suivre le peintre.

Hokusai, le mont Fuji  aux cerisers

Hokusai, le mont Fuji aux cerisers

Ce qui rend ce livre si fort, ce sont ces réflexions sur le dessin et la peinture. La peinture et le dessin ne laissent pas Hokusai tranquille et ses réflexions   ont le timbre de ce qu’il devait chercher lorsqu’il levait le pinceau, ou le rabaissait, pris dans ces pensées face au décalage entre l’art et la vie, à son exigence de vie, non de ressemblance, et son désir, et que cela jaillit.

Il y a comme un écho dans l’art du Japon, de ce présent et de ce qui n’est pas peint mais est le sujet. Ne pas peindre les formes mais l’essence de ce qui est, ce qui ne se voit pas. La sensibilité japonaise lorsqu’elle est inventive ne se contente pas d’appliquer des recettes à l’art oubliant de le rendre vif. Il faut peindre la vie. Utamaro, puis Hokusai, les grands du Japon n’auront cessé de se démarquer pour rendre les dessins plus vivants, un portrait comme s’il bougeait, un poisson comme s’il nous glissait dans les mains.  Faire en sorte que le dessin d’un dragon se réveille un jour dragon.

On est pris par la vie trépidante du grand peintre, qui a le temps de devenir grand, pour qui la vérité et la liberté est toujours plus importante que la gloire. Une multitude de personnages et les échoppes, les tournants de l’existence, il n’y a pas d temps à perdre, c’est cela Edo.   on y entend des musiques, des paroles fortes, des parfums et des gouts pendant que la vie artistique et intellectuelle se fait toujours sentir et est partie intégrante de la vie de la ville. C’est une des grandes réussites de ce livre, derrière ce style simple et direct qui ne cède pas à l’érudition mais nous entraine à sa suite, nous sommes dans le présent du peintre.

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Hokusai, tigre dans la neige

Un article du monde (René de Ceccatty)
Une présentation de l’écrivain géographe pour le prix de la fondation Jan Michalski, pour lécriture et la littérature

sur France culture

La hutte de Rengetsu

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la hutte de et par Rengetsu, (c) Rengetsu et Bachman Eckenstein

Rengetsu a peint cette hutte, associé aux maisons de thé de la région de Kyoto où elle venait se reposer des  demandes incessantes qu’elle recevait. Est-ce là qu’elle venait travailler la terre des potiers, calligraphier et être dans ses moments de paix ? Rengetsu est une de celles qui ont aimé s’isoler pour donner le meilleurs de soi, contemplation et tranquillité, apaisement.

Le temps qui s’assouplit cesse d’être tendu, la nature toujours à portée de main et le silence. La matière même de ce qui est la nature, les lumières profondes et la calme sérénité des rencontres. Je pense au film de Naomi Kawase,  “Moe no suzaku” où l’on voit cette sérénité apparente et la bienveillance dans les relations.
four hutsPeut être, ce même gout pour le cru (comme opposé au cuit) que les japonais aiment tant, ces bols soumis à la pression de l’écroulement contre le feu ou comme taillés dans la roche sont la plus belle expression de cet état d’instabilité dont la cérémonie du thé veut approcher, allusivement.
Jardins qui sont un chant minéral toujours proche de la résorption, ordre qui est comme un renoncement à la luxuriance et ce goût pour les mousses et les sous-bois, charme de l’ombre qui oblige à ne pas prématurément s’enflammer dans trop de lumière, à aimer dans une intensité profonde et non démonstrative, proche d’un sentiment concentré.

Tout cela sous un fard et une élégance qui n’est pas le cru, qui n’est peut être que l’allusion au désir de beau qui ne peut pas être atteint, renoncement de celui qui ne voit de loin et se tait pour le gouter, elle fait partie de ces excentriques à qui la hutte suffit.

Otagaki Rengetsu (1791–1875) femme, poète et céramiste

 L’art au japon est à son summum lorsqu’il se fait idéal de simplicité et est comme un sanctuaire d’où se protéger des assauts du siècle et de la vie. Car si le monde est ce déferlement, il existe en soi et dans des recoins de l’univers les ressources pour apaiser, se mettre au diapason d’un rythme harmonieux, cela était l’idéal d’un art traditionnel mais la poète sait le trouver en soi, au hasard des rencontres et dans sa vie elle-même.

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Les années de l’abandon et de la perte Enfant illégitime d’une geisha et d’un courtisan, Otagaki Rengetsu du nom de Nobu fut envoyée à l’age de 8ans au château de Tamba-Kameyama pour y servir et y recevoir une éducation d’une dame d’honneur , elle y apprit les  belles manières et les arts traditionnels, calligraphie et poésie waka, connaissances que l’on attendait des enfants de samouraï. On dit qu’elle était d’une grande beauté. Elle se maria mais sa vie familiale fut malheureuse et elle perdit 5 enfants et deux maris. Ce fut une vie de chagrin, de deuils  et de douleurs. Dans ces poèmes il  est beaucoup question de cette perte et de la mélancolie qui s’ensuit. Lorsqu’elle perdit son second mari et deux de ses enfant, elle décida de se couper les cheveux et de renoncer au monde pour suivre Bouddha.

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Couper ses cheveux ou la poésie pour vivre Elle fut initiée au temple de Chion’in et devint nonne dans la secte de la terre pure, Rengetsu est son nom bouddhiste. Lune de lotus (ren/蓮)  (getsu/月), attachée au temple de Chion’in n’avait cependant pas de fonction au sein de l’organisation religieuse et vécu avec son père, moine lui aussi et qui avait les moyens de la faire vivre. Mais les tragédies ne devaient pas s’arrêter et elle perdit sa petite fille de sept ans et un petit garçon de cinq, la laissant avec son père adoptif qui devait bientôt mourir.

0649a78491f5622256f6bf0883257a91La mort de son père la laissa dépourvu et pour vivre, elle se mit à fabriquer des bols où elle inscrivait ses poèmes à l’encre ou gravés dans la terre. Elle réalisait aussi beaucoup de calligraphie, illustrées ou non, certaines étant de simples petits bouts de papier que l’on appelait  tanzaku ou de petits carrés appelés  shikish. Elle avait apprit la poterie avec des professeurs amateurs et ses œuvres n’avaient pas la perfection et la sophistication des potiers de métier. Néanmoins ressortaient du lot parce qu’elle y mettait tout son cœur et aussi qu’elle les travaillait comme des pièces uniques, leur incorporant, au pinceau ou bien gravé dans l’argile, ses poèmes qui avaient la fraicheur de la sincérité. Ainsi, en poète abritée par le sens religieux et profane, son talent pour la poésie, son sens de la beauté et la densité de sa vie de femme, toutes ses qualités réunies en une seule sont ce qui fait le prix de ses œuvres. Elle fut suffisamment apprécié pour lui permettre d’en vivre et on la voit dans ses poèmes s’en aller au marché, se mêler aux marchands, s’excusant du peu de son art, vendre ses poésies sur céramique mais aussi toute sorte d’ustensiles liés à la cérémonie du thé.

Artist : Ôtagaki RENGETSU (Japan, b.1791, d.1875)  Title :  Date : 19th century Medium Description: stoneware with underglaze blue and black pigment on white slip Dimensions :  Credit Line : Roger Pietri Fund 2005 Image Credit Line :  Accession Number : 350.2005

Ôtagaki RENGETSU (Japan, b.1791, d.1875) 19eme siècle

Des poteries céramiques pour la cérémonie du thé qu’elle réalisait à la main, bols et ustensiles, bouteilles de saké étaient fortement prisés par les maitres de thé et les amateurs. Bien qu’il soit difficile de juger de la qualité de ses premières œuvres qui ne nous sont par parvenues, les poteries les plus récentes que nous possédons datent de l’époque de sa maturité où elle était dans la pleine possession de ses moyens artistiques et qui attiraient les collectionneurs. L’esthétique de la cérémonie du thé qui suppose que la beauté a besoin de la main d’un maitre pour apparaitre est donc fait de la pauvreté et l’absence d’intention un élément primordial. Peut être la beauté insufflée et l’absence de perfection technique la rendait inestimable à leurs yeux. Le beau réside aussi dans le cru et les craquelures de la vie, l’imperfection qui permet à  l’existence de se manifester et d’être dépassé ou sublimé. Celui qui sait voir la beauté sait l’y mettre, d’où le formidable sens qui se dégage des créations japonaises de ces écoles. 7b0585264508acd31d24be4884a527cc

De fait il y a un charme dans ses céramiques qui doit à la naïveté ou plutôt à la fraicheur qui tranche avec ce que l’on pourrait attendre de désillusion après toutes ses épreuves, ce qui aurait pu l’abimer à jamais, remonte à la surface de son art et Rengetsu, en artiste qui refuse de perdre son souffle, peut être aussi en faisant le choix du bouddhisme, semble refuser de perdre le sens même de la vie qui retrouve une beauté dans cette deuxième phase de sa vie. Elle insuffle une magie simple et essentielle, transformée dans l’esthétique, qui n’est pas la perfection mais permet à l’âme de se manifester dans toutes les expressions, aussi fines et délicates que le sentiment qui les anime, l’essentiel d’une vie qui va s’épurant ayant tout perdu. Est-ce cette modernité à l’œuvre dans la conception japonaise qui nous la rend si proche? A nous et à ses contemporains car elle fut prisée de son vivant, les amateurs devaient aussi rechercher cette qualité essentielle, qui nous fait paraitre à l’écoute de ce qui est humain dans une beauté paradoxale. Tant qu’elle du même s’isoler pour pouvoir travailler. Elle se réfugiait dans les montagnes de la région de Kyoto qui s’y prêtait bien.

La calligraphie La calligraphie de Rengetsu à ses débuts n’avait rien d’extraordinaire et ne se dénotait pas du reste des calligraphes, rien ne la différenciait. Cependant elle développa un art du pinceau particulier qui la rendait reconnaissable entre mille et bien que l’on dénote pas d’influences, elle est pour ainsi dire unique. Dès le début, elle a incisé ses poèmes dans de l’argile humide et c’est pourquoi sa main est si ferme et puissante, son placement de l’écriture dans l’espace si net et assuré. De plus les caractères doivent être propres et lisibles, toutes ses qualités se retrouvent dans sa calligraphie et lui donne ce caractère unique, irremplaçable.

Ainsi ce fut une période où elle apprit à faire de la céramique et à la vendre, l’urgence lui permettant de comprendre ce en quoi elle était remarquable et pouvait espérer en vivre, elle apprit à peindre, étudia les principaux genres de poésie, affina son art de la calligraphie et surtout établit des contact avec d’autres artistes, personnalités littéraires, intellectuelles et politiques de l’époque. Ce furent ses années de formation.

C’est là également qu’elle apprit la peinture Shijo, en particulier auprès du peintre Matsumura Keibun avec qui l’on dit qu’elle avait une liaison, ce qui, à l’époque n’était pas scandaleux pour une ecclésiastique d’avoir une vie amoureuse où les vœux de célibat n’étaient pas respectés. Rengetsu semble avoir été en relation avec le milieu de la peinture Shijo et a connu et travaillé avec des peintres tels Nakajima Raisho (1796-1871), Yokoyama Seiki (1792-1864), Kishi Renzan (1804-1859) Mori Kansai, (1814-1894), et Shiokawa Bunrin (1808-1877) ainsi que Reizei Tamechika (1823-1864), qui fut un des peintres majeur du renouveau du style Yamato-e. La vie de la nonne Rengetsu ne fut pas retirée mais au contraire très exposée et elle multipliait les rencontres avec des gens de tout horizon, ecclésiastiques, artistes et gens de toute profession, et le mouvement semble avoir été une constante de cette période de la vie de Rengetsu.  Car la vie est mouvement et elle tirait sa force de tout ce qu’elle rencontrait, rencontres d’idées et vie de tous les jours glanée sur les chemins, lle était sans être errante, très à l’écoute du monde, ne se retirant que pour travailler. Ainsi elle est une véritable figure de la vie intellectuelle de son époque.

164420De plus il ne faudrait pas oublier et cela est évident à lire, toucher ou regarder ce que ses mains produisent, que cette âme, spiritualité et sensibilité, ayant souffert, avait fait tout un trajet dans son intelligence des choses et de l’existence. Tout cela transparait dans ses œuvres et dans sa personne, d’une grande beauté et sérénité. Son travail est le fruit de cette maturation et d’une aspiration à l’élévation, se trouvant dans une simplicité dépassant l’élégance pour en faire une exigence toute humaine du sublime qui finit par devenir ordinaire. D’ailleurs les motifs qu’elle peint sont ordinaires, on y voit des branches de pin, un papillon, toutes sortes d’herbe, une théière, mais peintes d’une telle façon que la sérénité empreinte des choses du monde nous atteint et qu’on la désire. Cela est peint d’une façon précise mais simple, chaque chose s’y reconnait mais sans s’appesantir, l’essentiel étant ailleurs, on n’y constate pas de manque et la forme semble voler, libérée du présent et de la lourdeur, pesanteur qui y mettrait trop d’importance, en poète amoureuse de la vie, le papillon est  bien un papillon que nous avons pu voir, frôler quelques minutes auparavant mais qui semble nous entrainer ailleurs. Les japonais de cette époque devaient percevoir cet idéal simple mais sans ostentation.  Dépouillement et humanité, si proche encore de la vie de la femme qu’elle fut mais comme apaisée, arrivée à une autre coloration, non de renoncement mais de complicité, peut être.

Cette attention aux choses du présent, par l’écoute de sa sensibilité se retrouvera dans les rencontres et les voyages qu’elle fera, faisant de sa poésie un fait du présent et non d’une mélancolie lointaine et maladive. Au contraire, Rengetsu nous apparait dans la fraicheur et la générosité non feinte, dans la force d’une sensation douce et c’est sans doute son attrait principal. Mais elle devait aussi mener une vie beaucoup plus calme et vers l’age de 75 ans un abbé lui offrit l’occasion d’un sanctuaire et c’est là où elle vécu jusqu’à la fin de ses jours continuant son art et à être appréciée pour la délicatesse de ses expressions.

pour aller plus loin

coverSon oeuvre :
sur pinterest
sa poésie
Otagaki Rengetsu
Rengetsu circle

éléments biographiques
chez Bachman Eckenstein
sur Zen women

Dans les musées :
L’exposition black robe, white mist au NGA
Rengetsu collections
Morikami museum
Asia pacific museum

Bibliographie

Black robe, white mist, National Gallery of Australia
Moon lotus, the poetry of Regentsu, White Pine Press (April 1, 2005)
Rengetsu: Life and Poetry of Lotus Moon, John Stevens  2014
Atagaki-Rengetsu, Poetry and Artwork from a-Rustic Hut, Rengetsu circle

traces des fourmis dans la fourmilière

[Gu Gan 5] Le monde est écrit ou plutôt s’écrit comme les traces des fourmis dans la fourmilière. Il m’est extrêmement difficile de comprendre ce qui se joue dans cet ensemble complexe qui est le texte, l’empire, le collectif. De la même façon, qu’est ce que cette carte, que sont ces vides et qu’y inscrit t’on, jusqu’à quand va t’on inscrire ces faits et gestes, ses noms dans la cellule et le décompte des jours, ces annotation dans les recoins au fur et à mesure que progresse le voyage, que meurent les équipages et que passent les tempêtes. La carte. Qu’est ce que cela implique ? Si le monde est un livre ou cette feuille qui se déroule et se couvre de caractères, surgissant des uns des autres, des conjonctions et de la succession des signes, de la ressemblance et de l’équivalence, de la différence et la contradiction, d’un espace libre ou du grain  du papier, papier artisanal proche du végétal ou papier journal. La papier et le tracé des encres reprend toutes les formes et puis il y a un moment où surgissant du vide et de l’indistinction une pensée gestuelle établit son propre vide et organise l’espace autour d’elle jusqu’à devenir expression de la créature vivante. Le sens obéit à cet ensemble de subordination, à la règle du propos qui domine le papier, la cacophonie, la tolérance à toutes voix égale se tait au moins pour un temps.

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