Hisako Kajiwara, une femme peintre au début du siècle

Hisako Kajiwara (1896-1988), ne fut pas la seule femme à devenir peintre dans ce début du siècle  Taishô et Shôwa à Kyoto. Elle s’intéressa d’abord au waka avant de suivre l’enseignement des peintres Chigusa Soun et Kikuchi Keigetsu, maitres du Nihonga, cette “nouvelle peinture japonaise”, qui mettait en avant le génie japonais tout en incorporant des éléments de style européen.  Dans le monde de l’art à Kyoto elle était, avec Ôtani Chigusa et Wake Shunkô, l’une des “trois dames accomplies”  à fréquenter l’atelier de Kikuchi Keigetsu et poursuivait en cela une longue tradition des femmes dans l’art japonais, comme avant elle Sei Shonagon ou dame Murasaki-shikibu.

Ou réside la beauté ? dans une vision codifiée et rêvée de l’être aimé, une aspiration à un idéal de beauté et d’art que la femme est chargé de faire parvenir à l’homme ? Ou bien la personnalité et le réel chargé de chair suffit il à faire surgir le désir. Encore aujourd’hui la femme est porteuse de cette longue traine d’aspiration où tout est finesse, subtilité et envoutement . Se rapprocher de la condition réelle, la rendre plus proche et pour autant énigmatique, décalage entre attente quotidienne, ombre au visage et séduction, visage de l’amour et corps comme une fleur surgit d’une armature de feuille, l’apparat est signale mais le visage et l’intention prend toute sa force, il fait immerger.

La femme : la vision de poupée que les peintres en ont donné, notamment dans le bijinga (peinture de belles femmes) ne reflète absolument pas la vérité des femmes japonaises, au caractère fort sous une apparence dévouée et Kajiwara fit évoluer le genre par son travail. Est-ce l’influence de Chigusa soun, qui fut son professeur et qui, comme elle, ressentait le besoin de se rapprocher de la vérité charnelle du peuple, attiré par la modernité de l’occident et d’une peinture moins idéaliste et codifiée, plus chargée du vécu de ce Japon en mouvement et de la chair de ceux qui vivaient cette rupture. Comme lui, Kajiwara s’éloigna d’une peinture élégante et représenta la femme sous des traits plus moroses, plus emprunt de réalité. On y voit des geishas ayant perdu leur beauté et des femmes soumises à un travail dégradant et fatigant, portant sur elles les marques des soucis et de la vie laborieuse.

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Tout cela est bien loin de cette  femme japonaise idéale, immobile jusque dans la fixité des couleurs, des postures, de l’attente des hommes et de leur désirs de beauté, idée plutôt que personnage, femmes pourtant au charme si vivace et à la personnalité si forte. Kajiwara nous la fait elle mieux sentir ?

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Pour aller plus loin :

Kajiwara Hisako
L’élégance peinte par les femmes de la période Showa
Pour les femmes japonaises, l’élégance est au prix de l’individualité, Japan times
Les femmes artistes de Kyoto
Nihonga
Kikuchi Keigetsu

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