Ainsi nait une vision de la peinture qui perpétue la philosophie chinoise et rassemble les trois courants contemporains : l’impressionisme, l’expressionisme et l’abstraction. Parmi ses sujets favoris, le lotus et les paysages. Son oeuvre dépeint un monde implicitement proche du rêve ou mettant en avant des éléments de l’esprit noble et gracieux de la pensée chinoise.
J’ouvre l’encyclopédie à la page où je trouverai des points de repères pour mieux le connaitre , deviner quel homme il est et mieux voir :
Chen Jialing nait en 1937 en Chine, à Yong Kang, dans la province de Zhejiang. C’est là qu’en 1963, il fit ses études à l’Academie des beaux Arts. Il apprit d’abord le portrait avant de suivre dans les années 70s l’enseignement de Lu Yanshao et la calligraphie chinoise, art du paysage et peinture des fleurs. Puis dans les années 80s, il travaille à se perfectionner dans les techniques murales de l’art classique chinois et l’aquarelle occidentale. Quant à savoir quel homme il était, peu de sources sont explicites, Mais il suffit de regarder les oeuvres qu’il a peint pour s’en faire une idée. On l’imagine fort bien lettré amoureux de la campagne, des oies sauvages et de son petit jardin où il puise plus qu’un réconfort, une proximité de la source. Cela je l’imagine. C’est qu’il est si proche de l’idéal du philosophe chinois retiré au plus près des choses. Il aime les lotus, il y voit le monde et le retranscrit dans une écriture savante et dépouillée. Retrait de la méditation et parcours complexe de la connaissance, symbiose et fréquentation quotidienne,monde de couleur et des odeurs, luisant et profond du végétal, empreinte d’une douceur méditative, ou est-ce d’un rêve? Ce que l’on prend pour un irréel mais qui n’est que la saveur.
Donc de sa petite maison chinoise subtile et noble de coeur il observe dans les grandes ailes du continent, que l’on ne voit pas, les méandre et les sursauts de la vie dans les mélodies, rythmes les plus doux, lents, graves, profonds et denses. Sa peinture est musicale, on la dirait abstraite, frappée du saut du palpitant. Regard si proche que les ombres des arbres et les branchages dansent, jouent avec la densité métaphysique des étoiles dans la prise de possession de l’encre, hésitation du pigment, de l’eau à l’intérieur des fibres, rythmes de la feuille. Cela vous émeut de sentir comme la matière imprègne le papier. il n’y a plus de blanc, l’espace, la feuille, la trace émotionelle de la calligraphie saisie dans la respiration. Bien sur il y a tout ça.
J’utilise des notions de respiration, méditation, musicalité, c’est qu’elles sont au coeur de la vision artistique chinoise qui les préfère à une distanciation représentative. La distanciation si elle a lieu se joue dans l’écart d’avec la représentation et du filtre de l’expérience. La pensée permet cet impressionisme, expressionisme, abstraction qui sédimente notre usage dont elle n’a cure, lui, il est dans le jardin la plupart du temps et s’il se souvient, tel “Hubble” c’est pour s’approcher de ses moment de vérité.
J’aspire, toute la modernité est là. Ce que l’on cherche est dans les recoins d’une pratique intériorisée mais reconnaissable. Car nous la cherchons grandiose et noble délicatesse de la beauté, libérée de telle façon que les poils se hérissent.
Sous la paume, mille histoire en une seule, répétée à l’infini, une musique, le toucher, l’imperceptible plus important qu’une quelconque rêverie ou compréhension. Poésie de la rosée et mélancolie de l’eau au jardin.
Notice biographique à la Galerie Wan Chung
Chen Jiaoling sur artnet.com