Note sur le dessin et sur le sentiment d’avoir la tête dans les étoiles. Un raccourci tel qu’il n’y a pas de plu court chemin entre soi et le monde. une proximité faite de foison et de saturation empêche qu’il y ait comme un recul ou une représentation, seul les signes ou les bords extérieurs de ce qui est reconnu et marque, une sorte de borne de reconnaissance permet au dessin de s’extraire de ce qui serait trop abstrait et et sans l’effusion de la réalité débordante cependant. Le peintre s’il recule de quelque pas a cependant conscience qu’il est échevelé dans un dessin qui l’imprègne tout entier. On reconnait la furie physique de l’acte de peintre cependant il ne s’en saisi pas mais est saisi.
Le peintre qui revendique son appartenance au jardin (celui de Clos Saint-Pierre, modeste maison dans un vaste jardin sauvage, à la Roquette-sur-Siagne (Alpes-Maritimes) est cosmique presque végétal. il suit les lignes de la lumière et touche des bords de la matière.
le peintre planté dans son corps et axé par le regard est projeté sur l’immensité cosmologique du figuier, monde en soi , où il cherche à voir, qu’il cherche à dépasser, le peintre est là complètement immergé dans l’univers,dans un absolu de lumière. C’est cette image du peintre qui me le résume et ces peintures en sont comme le prolongement poétique, ce que lui a vu.
Il est né en 1917 à Takamatsu dans le sud du Japon et dès 1930 étudie l’art où il se montre plus intéressé par l’art occidental, en particulier français que japonais. Une brève interruption de sa vie l’envoie faire la guerre en Chine. Au retours, c’est dans le midi de la France qu’il trouvera les voies de sa peinture.
Et l’on voit que japonais soumis à l’universalité et la désirant, il s’ancre dans un particulier délimité par le carré d’un jardin, celui d’une petite maison dans les Alpes maritimes. Plongé entre les deux infinis et acquiesçant à la sensation, il a délibérément borné le réel qui le retient à ce carré. Ce n’est pas l’univers entier mais c’est suffisant peut être. Ne faut il pas plus que ce petit bout pour explorer, suffisant pour concevoir la saturation, la conscience dans la lumière d’être matérialité, de ne pouvoir faire plus pour établir des connections entre les choses qui autour de lui ne se lassent pas de l’étonner. Et la couleur, et le dessin naissent de la fureur.
De même que ses fascinations pour Bonnard, enracinement dans une peinture encline à la bienveillance et à l’impressionniste art du bonheur, tragique par son appartenance à un siècle (de Staël lui aussi amoureux de la méditerranée) mais aussi par toutes les ressources de l’abstraction qui sont un aveu que le monde, même contenu et limité, déborde. Son art intranquille lui fait peindre des paysages, lieu où l’on sent toute l’intimité d’une vie domestique, la calme fréquentation quotidienne et une distance minime, l’affect prend toute la place et tout tourne autour de soi dans le tendre suivi des jours, à la façon d’un journal tous les jours repris, celui d’un peintre ascétique qui a trouvé une hutte orientale où il peut se livrer à une expérience, moments résumés en une toile, en un plan d’un instant stable accumulant la somme. Conjectures, derrière les murs, il n’y a que l’étonnement.
J’imagine le siècle qui le fait naître à des millions de kilomètre d’ici, l’a projeté dans une guerre incompréhensible où l’idée même de sa vie et de la bienfaisance est exclue, est-ce pour cela qu’il est furieux, est-ce parce que l’homme est avant tout un combattant et qu’il ne peut aborder qu’en s’escrimant, lui même si calme et aspirant, mammifère devant se démener dans la survie là où les plantes se contentent de croitre et d’être, mais n’envahissent elles pas tout l’espace jusqu’à saturer, il faut faire vite pour en rendre compte, les expériences se télescopent, le jardin est incontenable comme l’est le figuier . Un japonais ayant choisi de peindre en France, ce pourrait être n’importe où, ne parle pas la langue mais c’est ici où a peint Bonnard mais lui a la grâce et le jeu du chat, du tigre, de l’orient, du sud foisonnant du Japon. Il en a l’énergie. J’ai dit que l’espace était saturé, j’ai dit que le peintre tient à ce que le pot, la fleur, le tronc et la tasse de café soit bien dans le champs brouillé de son objectif, c’est que tout prend sa place dans la feuille comme dans l’existence qui n’est rien moins qu’abstraite, la peinture étant là pour la démêler ou et-ce le contraire, je crois qu’elle en est inséparable .
Pour suivre :
Petite biographie galerie Deman et galerie Camera obscura
Sur Paris art et réalités nouvelles
wiki
quelques articles
Kimura ou l’innocence retrouvée
Un article d’Arthur Danto
Une monographie publiée par l’hotel des arts de Toulon ainsi qu’un livre difficile à trouver publié chez Lienart en 2009
Thank you for sharing these beautiful and rare pictures of and by Kimura
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