Gu Gan, l’écriture et l’histoire

Carton de double expo GU GAN et Pu Lieping

Carton de double expo GU GAN et Pu Lieping

Gu Gan est depuis 1985 un pionnier du renouveau de la calligraphie chinoise et de son évolution vers l’art contemporain, forme qui se plait plus à montrer les dessous de la calligraphie que l’expression, reine du pinceau et bras armé de la cosmogonie tout en ayant fortement conscience des enjeux sous-jacent à l’écriture. Ce seront vastes et fougueux coups de pinceau et lignes fines combinées à des images iconiques telles que fleurs, oiseaux, arbres, poissons ou figure du Bouddha. Lignes et tracé au fond profond de l’écriture et la faisant entrer comme par des commentaires dans l’illustration. Moins une gestuelle qu’un tableau calligraphique qui se montre. En 1985 lors de l’exposition de calligraphie moderne qu’il organise au Musée national d’art de Pékin, Gu Gan fonde l’école de calligraphie moderniste  et tente de revivifier la calligraphie traditionnelle en lui donnant un second souffle. Il va gagner une audience internationale et s’il fait rentrer l’art venu de Chine dans la modernité il l’ancre puissamment dans le fait culturel chinois.

(c) Gu Gan

(c) Gu Gan

Né en 1942 à Changsha, dans le Hunan en Chine, Gu Gan commença par étudier la peinture traditionnelle chinoise  à l’académie centrale d’Art de Pékin. Il fut rattrapé par le siècle et l’histoire chinoise qui de 1966 à 1976 en pleine révolution culturelle  l’obligea à aller travailler comme ouvrier dans une imprimerie avant de, en  1975, rejoindre les éditions du peuple. Mais pendant le même temps Gu découvrit avec passion les œuvres d’artistes occidentaux comme Kandinski, Klee ainsi que Joan Miró, dont l’influence est manifeste dans son œuvre future. On peut dire finalement que cette période malheureuse où il ne put réellement exercer son art, lui fut cependant bénéfique en lui permettant de découvrir une peinture insoupçonnée qui lui ferait révolutionner les conceptions anciennes chinoises. Passer de la vision traditionnelle à une fusion avec le travail abstrait et graphique des peintre occidentaux, lesquels se sont pour beaucoup révélés au contact des civilisations orientales ou africaines, leur faisant dépasser leurs évidences.

(c) Gu Gan

(c) Gu Gan

L’art du récit et le siècle
(c) Gu Gan

(c) Gu Gan

Peintre de l’abstraction et de l’imaginaire, ils furent aussi ceux du récit et l’on pense à Paul Klee, retrouvant des moyens antiques pour conter de nouveau les vieux mythes ou les grandes épopées. Gu Gan n’a t’il pas fait de même et tenté, en plus de renouveler le vocabulaire plastique, d’établir un art moderne du discours et du conte, modernité nécessaire pour rendre compte des grands bouleversements et de cette grande marée de l’histoire de la Chine moderne. L’on pense à cet art du conteur que possède l’écrivain Mo Yan lui aussi embarqué sur la vague de fond de la société chinoise.  Grande Histoire intemporelle, culture fondamentale et bouleversements sociaux sont liés sous le fard  de l’écriture spectacle, l’écriture art où plus qu’il n’y parait est raconté.

Sur le tableau, des symboles et des formes peintes sont combinés à des caractères chinois et deviennent les éléments d’un art contemporain. Ce faisant il cherche comme beaucoup de peintres chinois du vingtième siècle à rester fidèle à la tradition céleste tout en trouvant un raccourci vers l’époque contemporaine. car raconter l’histoire nécessite de trouver un langage ou de créer des ponts entre différents aspect qui nous y fasse passer. L’écriture et la calligraphie, les leçons de la peinture et des éléments de l’art ancien (les sceaux, les pictogrammes, la vision monumentale)  sont utilisées comme base de ce nouveau médium qui a à coeur de raconter. Cet art ne sera pas uniquement fusionnel, il va les faire se côtoyer, les mélanger,  les faire apparaitre dans une lumière nouvelles et ils apparaitront comme neufs et surprenant comme c’est le cas pour la couleur qui n’étaient jamais mêlée à l’encre. L’idéogramme mais aussi une écriture qui mêle caractères et dessins archaïques, langage figuratif et graphitique qui seront presque comme tatouées sur l’espace de l’écriture.

Mais comme la calligraphie des lettrés, son art est à la recherche d’une paix, sorte de méditation où il fait rentrer les éléments du monde au filtre d’une certaine sagesse qui exige le dépassement. Une forme élevée d’Art pur ou l’écriture est tout en ellipse et en silence, ou ce qui est dit est pesé, appuyé, parfois total dans son poids, parfois multiple et encyclopédique quand il pense au monde et à ce qui s’y passe. Quitte à passer pour superficiel quand c’est avec la grande culture qu’il faut lire cet art de références.

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Ceci ne sont que conjectures mais je me plais à les imaginer. Chu Teh Chun en montre la voie, prenant dans un même tenant écriture calligraphique et peinture, associant gestuelle et sens du paysage pendant que Gu parvient à se défaire du geste et du temps.  Et si l’on songe aux œuvres du début de Zao Wou Ki, où de multiples personnages et paysage sont comme dessinés à la manière de paul Klee, pictographes ou graphitiques semblables à des tags qui racontent un paysage avant de se fondre dans l’abstraction. N’y a t’il pas là un début de parenté entre le parcours du peintre exilé volontaire à Paris et désirant se repenser dans le creuset de l’Europe et celui qui, bien longtemps après reprendra les mêmes chemins pour peut être rendre compte des tumultes de l’histoire ou tout au moins de l’aventure des quotidiens individuels, des foules  et d’un possible JE.

Pour aller plus loin :

wiki
2014_GuGanexposition à Valence
Hongkong galleries
Alisan fine art
Ars poetica
sur artnet
Sur la série réalisée pour les JO _ asama
Modern chinese calligraphy
Oeuvres à découvrir

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