Qu’y a t’il de plus dans ce Japon, multiforme, du passé, du présent, visuel, sensible, intellectuel ? N’y a t’il pas quelque danger à se laisser enfermer par un sujet qui risque de se scléroser . C’est justement que le Japon et les traits qui sont peints autour de ce cœur, est multiforme à l’égal du monde, a su se rendre compte que le monde soigneusement codifié dans l’archipel, si divers et cohérent, le dépassait. Le Japon comme une exception retient l’attention de tous et est un point de référence pour ceux qui n’y sont pas attachés. Ainsi le papillon, le noir qui faisait l’amour sans se fatiguer à Eroshima, du poète qui était de nul lieu, de l’écrivain qui relate les vies des enfances de tous les bords.
Tous les fils du monde sont reliés entre eux et se retrouvent dans l’archipel, sous une mimique caricaturale digne d’un acteur de kabuki, les bureaux des gratte ciels sont les mêmes qu’à Paris et les fils électriques ne cessent d”accumuler les possibilités des paysages urbains, comme ailleurs et plus qu’ailleurs il y aurait un beau besoin d’un coup de gomme et ils courent à faire oublier ces jardins et petites rues intimistes, vertes et couleur bois de Nara. Qu’à la réalité de tellement électrifiée, pourquoi courent ils en l’air alors qu’l y a tant de recoins, de masures cabossées et de portes coulissantes, de boutique grasses où l’on vend des nouilles?
Ce sourire et cette distance raccourcie, ce nord fraichissant et à la merci d’un sud, des typhons et des bourrasques de neige, ce vert consistant et ces côtes découpées, que viendrai-je chercher ici et pourquoi le monde ne me suffit il pas? Sur cette pointe qui oublie la mer, les nouvelles du monde sont nombreuses, joyeuses cette insistance que le monde a de remplir jusqu’à l’écœurement la carte et les vies d’ici bas, le Japon est envahi de l’intérieur par la multiplication, Y a t’il un chemin qui débouche sur une baie, passage vers les autres iles de l’archipel? Le temps n’est que l’espace que l’on se ménage par le nœud que l’on fait à son vêtement, le sablier dépend aussi de la nécessaire cordialité, l’attention que l’on porte aux autres et qu’ils exigent. Il ne s’agit pas d’effacement, n’y a t’il aucun recul, une distanciation qui dise que le monde n’est qu’un état d’esprit, que l’on peut adapter le noeud que l’on fait au temps à son vouloir et qu’à s’agiter il est possible de ne plus croire aussi fermement à l’existence. Le sourire est aussi une enclave possible. Pas un seule façon d’être au monde et dans le corps de celui ci, tirer la couverture à soi. C’est une fiction pacifique dans laquelle on ne croit guère qu’amusé et comme une possibilité, on la fait dévier à qui mieux mieux, hors piste du monde dans un espace délimité où il est bon de faire des glissades, tout n’étant pas lié dans une création à l’égal d’une soupe mystifiante mais un jeu de rôle, ronde où l’on peut rentrer et sortir à volonté, Le Japon est-ce ce lieu, de nul lieu et du Japon disait Dupin ? N’est ce pas plutôt jouir de l’hypothèse la plus réjouissante et ne pas accepter de quitter la partie que lorsque l’on est sur d’avoir bien perdu, la face tout au moins, le corps n’ayant que moins d’importance.
De sorte que parler du Japon c’est parler du monde, mais d’un promontoire que l’on a choisi pour son confort, sa beauté et sa négation même, il sera peut être un moment où il sera possible de dénoncer l’entreprise comme une mystification et disparaitre dans la mer au son du shakuhachi.