Attitude de Yu Ichi

YU-ICHI transmet son énergie artistique par des caractères « kanji » logographiques, qu’il utilise comme une métaphore pour communiquer son message artistique, son état intérieur. Se faisant, il ne se concentre pas sur l’aspect esthétique des caractères mais plutôt sur le développement sans retenue de sa force intérieure directement exprimée par l’écriture. Il dépasse la calligraphie traditionnelle et atteint à une radicalité © Japan art, ( http://www.japan-art.com/index.php?id=9&kid=3 )

yu ichi inoue

La tension de yu ichi ne nécessite pas que l’on parle, voire que l’on se taise, cela lui est indifférent. Il s’agit d’énergie et de tension intérieure qui libère une puissance artistique et habite l’encre, kanji si tu veux, encre surement et la trace d’une vie sur le bitume, dans l’éther brûlant d’une vie qui se consume, par la volonté du crin.

Le Noir sur le blanc conçoit tout, retient enfermé des milliers d’oiseaux dans la nasse de l’encre qui libère quand le corps enfin redonne un corps au corps, de l’effort, il y a les traces de ce passage comme des chapeaux de roue ou des traces de pneus dans la neige.

Des fumées maléfiques. On parle de fulgurance mais c’est un animal, une plante, un astre, un gong en plein furie. Un jet qui casse le mur du son, condensé, délié il crache, éructe, or ou est psaume

Comment faire preuve de l’écriture ou prendre le tracé à rebrousse-poil.

C’est que je regarde le pinceau plutôt que la masse des muscle, je vois l’énorme culture mettre l’espace en mouvement transmettre au caractère l’étoffe et la peau hérissée. On ne voit bien que l’encre épaisse et est écarté le redondant comme le fait sur le sol l’homme accroupi qui s’apprête à écrire.

yu-ichi_bio_atl_01_500pxPour aller plus loin :

Yu ichi .com
Sur artsy
une biographie
et sur japan Art

Qin Tianzhu

Ce n’est pas une façon de dessiner mais plutot de manifester une matérialité. Devant cette prédominance on s’interroge sur le dessin, on demande “qu’es tu couleur, matière ou texture ? La vibration lumineuse est répercutée mate sur la matière donnée du papier.

894dc4cc290b7e494d5f9bca832f8433

Pourtant, on y reconnait une figure, celle d’un oiseau ou d’un insecte, qui sans être déterminant raccroche le regard dans l’effet concret, reconnaissable, du monde. Le dessin est cela aussi ? pouvoir se situer dans un tumulte abstrait, laissé vibrant et non forcément rattaché à une nomenclature. La peinture vive et alerte regarde en biais le sujet, comme incongru, qui est pourtant là.

Parfois le tout se fond et l’on ne différencie plus les contours rassurants du fond infini de ce dont nous sommes pétris.

516ad380ae7c049ca5254de148b3fcfd

Une ligne plonge dans le ciel. ce pourrait être un oiseau et c’est une ronce. S’émerveiller du tracé entre eau et papier, sentir cette échancrure qui est la main, mais je regarde la peau, que je sens fébrile en cet amas pigmentaire, mal délimité dans cette nasse de fibres

f04e9585fab7a3ea57a254c17d0aa6ed

@Fine art gallery page sur Facebook

Chen Jialing(陳 家泠 Chinese, b.1937)

Chen Jialing

Chen Jialing(陳 家泠 Chinese, b.1937)

Ainsi nait une vision de la peinture qui perpétue la philosophie chinoise et rassemble les trois courants contemporains : l’impressionisme, l’expressionisme et  l’abstraction. Parmi ses sujets favoris, le lotus et les paysages. Son oeuvre dépeint un monde implicitement proche du rêve ou mettant en avant des éléments de l’esprit noble et gracieux de la pensée chinoise.

AA2097(L)

De petis échos simples de certains  paysages. Dessins à forte évocation et suspend. Je  me suis mis à être familier avec le nom de Chen Jialing jusqu’à réaliser quel grand peintre il est.

de l'infiniment grand à l'infiniment petit il n'y a qu'un pas

de l’infiniment grand à l’infiniment petit, il n’y a qu’un pas.

Les peintres nous parviennent comme par bouffées vivifiantes mais surtout les oeuvres viennent se ficher sur des coins de rêves, absences mélancoliques non pas tellement distinctes mais retenues comme par une aspiration, les oies sauvages et le monde qu’elles survolent s’envolent jusqu’aux tâches d’encre qui sont la fleur.
 J’ouvre l’encyclopédie à la page où je trouverai des points de repères pour mieux le connaitre , deviner quel homme il est et mieux voir :

 

Chen Chen Jialing nait en 1937 en Chine, à Yong Kang, dans la province de Zhejiang. C’est là qu’en 1963, il fit ses études à l’Academie des beaux Arts. Il apprit d’abord le portrait avant de suivre dans les années 70s l’enseignement de Lu Yanshao et la calligraphie chinoise,  art du paysage et peinture des fleurs. Puis dans les années 80s, il travaille  à se perfectionner dans les techniques murales de l’art classique chinois et l’aquarelle occidentale. Quant à savoir quel homme il était, peu de sources sont explicites, Mais il suffit de regarder les oeuvres qu’il a peint pour s’en faire une idée. On l’imagine fort bien lettré amoureux de la campagne, des oies sauvages et de son petit jardin où il puise plus qu’un réconfort, une proximité de la source. Cela je l’imagine. C’est qu’il est si proche de l’idéal du philosophe chinois retiré au plus près des choses. Il aime les lotus, il y voit le monde et le retranscrit dans une écriture savante et dépouillée. Retrait de la méditation et parcours complexe de la connaissance, symbiose et fréquentation quotidienne,monde de couleur et des odeurs, luisant et profond du végétal, empreinte d’une douceur méditative, ou est-ce d’un rêve? Ce que l’on prend pour un irréel mais qui n’est que la saveur.

Lotus

Lotus

 

Donc de sa petite maison chinoise subtile et noble de coeur il observe dans les grandes ailes du continent, que l’on ne voit pas, les méandre et les sursauts de la vie dans les mélodies,  rythmes les plus doux, lents, graves, profonds et denses. Sa peinture est musicale, on la dirait abstraite, frappée du saut du palpitant. Regard si proche que les ombres des arbres et les branchages dansent, jouent avec la densité métaphysique des étoiles dans la prise de possession de l’encre, hésitation du pigment, de l’eau à l’intérieur des fibres, rythmes de la feuille. Cela vous émeut de sentir comme la matière imprègne le papier. il n’y a plus de blanc, l’espace, la feuille, la trace émotionelle de la calligraphie  saisie dans la respiration. Bien sur il y a tout ça.

2ded17d01e0488b26e9cfbb95d77e523 4aa1ef4488ce541516106ee6a0522840 15e4a712f16f411c9f12c0aa84a87690

J’utilise des notions de respiration, méditation, musicalité, c’est qu’elles sont au coeur de la vision artistique chinoise qui les préfère à une distanciation représentative. La distanciation si elle a lieu se joue dans l’écart d’avec la représentation et du filtre de l’expérience. La pensée permet cet impressionisme, expressionisme, abstraction qui sédimente notre usage dont elle n’a cure, lui, il est dans le jardin la plupart du temps et s’il se souvient, tel “Hubble” c’est pour s’approcher de ses moment de vérité.

20081127151440L 2007082313959806 20070823131025916 20080912155755779

J’aspire, toute la modernité est là. Ce que l’on cherche est dans les recoins d’une pratique intériorisée mais reconnaissable. Car nous la cherchons grandiose et noble délicatesse de la beauté, libérée de telle façon que les poils se hérissent.

chen-jialing4

Sous la paume, mille histoire en une seule, répétée à l’infini, une musique, le toucher,  l’imperceptible plus important qu’une quelconque rêverie ou compréhension. Poésie de la rosée et mélancolie de l’eau au jardin.

 Pour aller plus loin  :

Notice biographique à la Galerie Wan Chung
Chen Jiaoling sur artnet.com

Un documentaire sur Chen Jialing

El arte de

L’art contemprain chinois(exposition, español)

Chigusa Soun (1873-1944)

S’il n’avait peint que cette encre, Chigusa Soun aurait pu s’assoir content, son coup de pinceau lui a gagné l’éternité. J’ai le même sentiment qu’avec les études à la gouache de Constable. Une peinture qui soudainement apporte tout. D’emblée la plénitude du paysage dans la brume ou sous la pluie, la densité et la légèreté de la lumière et les odeurs que l’eau ravive, la terre enfin vivante quand elle est mouillée que montent les nuées et que l’encre et le lavis du papier se mettent à parler de la peinture à venir sans rien tenter de décrire, la sureté seulement du pinceau et sans que rien ne l’ai laissé présager. L’artiste japonais occupé à dessiner des fleurs, à faire de son mieux en suivant les enseignements stricts et attaché à la tâche, ne l’a pas vu venir, comme d’autre avant lui, il s’est oublié et d’un seul coup à laissé entrer l’encre et le papier. Des siècles de travail et la fulgurance de la compréhension intime du monde. Un zeste de zen au moment où le travail s’interrompt.

Chigusa Soun

Chigusa Soun, encre et couleur sur soie

Il faut oublier cette impression de fulgurance géniale. Soun n’est pas n’importe qui. C’est élève de Takeushi Seiho, l’un des maître les plus importants du Nihon ga, littéralement peinture japonaise, cherchant à unifier dans cette fin de l’ère Meiji, l’essence de la peinture japonaise avec le développement de la modernité occidentale, recherchant la peinture japonaise par excellence.

Mais Chigusa Soun fut animé par une volonté radicale de changement dans la vision japonaise de la peinture, en cela il diffère de beaucoup. L’on est frappé en découvrant ces œuvres de la matière brute, où le monde est dépeint sans le moindre recours à une sorte d’esprit de sympathie, il n’y a pas de recul ou d’estrangéité entre le monde et moi, est il de même essence, dépouillé de l’esthétisme et comme regardant sans complaisance le  monde par des yeux qui ne transigent pas, marquent la perception dans la peinture ou l’encre. Sans raccourcis. C’est cela que nous apercevons dans ces peintures, peu de peintres au Japon ont pratiqué la peinture à l’huile de façon frontale, comme si cela était primordial de puiser dans la réalité sans fard les épuisements et les ressources d’un monde dans sa matérialité énergisante.

This slideshow requires JavaScript.

C’est cela, sans doute, qui nous rend cette encre si proche, ce détail qui pourrait être l’œuvre elle même, synthèse de l’art de l’encre, sa finesse, brutalité et densité d’une matière à même d’écrire l’essence de notre présence au monde, qu’un jour de brume dans les montagnes, nous percevons dans cette vapeur de l’eau qui monte avec nos corps et la vision estompée du paysage tout autours, habité et essentiel que l’oeil peut enfin tout embrasser. De plein pied dans l’humidité chargée du papier.

Detail1_1559-3-2_(Custom)

Chigusa Soun, dans sa quête de vérité et de renouvellement, fut aussi un progressiste attiré par le petit peuple et la promesse de d’une beauté cachée dans les recoins sans masque de l’humanité. Que se soit dans les traits fatigués d’une femme au travail, plus belle peut être que la beauté masquée, peinture de paysage sans verticalité ou un bosquet est choisi pour la beauté non particulière et comme anodine et qui pourtant résume sans bruit l’inénarrable que le monde a de vrai.
Chigusa Soun a choisi d’encrer son regard, déterminant une autre route peut être inhabituelle pour le Japon. sans chemin par le regard, l’encre ici parvient à la parfaite synthèse en restant muet sur les beautés idylliques et rejoignant les fastes de la calligraphie, l’on aperçoit les  vitalités du Sho.

Chigusa Soun au musée de Tokyo
Chigusa Soun

Sans rien dire

Peinture inconnu

Peinture inconnu

Ce pourrait être une peinture d’un peintre japonais, j’y vois la brume qui descend sur la  montagne ou qui fait le ciel , comme un voile, une poudre de pluie,

cette exposition à l’humidité et à la vue voilée me chavire, les trous du vide et la page, comme le temps fait que je ne saisirai jamais le monde dans mes bras , je ne pourrai que le respirer, et humer le voile,, aucune idée de dévoiler, Isis n’est pas d’ici, le voile n’est pas un linceul, il est un sourire timide, la modestie du monde et la mienne qui ne peut que m’habiller

la nudité n’est pas d’ici ,

se voit en marchant

et la mélancolie

Comme des rides la trame de la vue qu’ici on nomme texture parvient jusqu’à mes bronches, comme une ondée dans mes narines,

je perçois plus que je ne vois

 

Mais il faut bien que j’admette que cette peinture n’est pas japonaise, on voit des bouts d’écriture de langue française par en dessous, somme toute, la peinture dessus un papier manuscrit, il y a pour tant des bribes de ce qui pour moi est le Japon, dans cette écriture à la densité vague, poussée par un mystérieux peut être qui revenait du JAPON

Dupin , encre

Dupin , encre

envie de citer cet autre livre improbable

De nul lieu et du Japon, suivi de “Sans rien dire”

de Jacques Dupin

Qui comprend que ce bonheur repose sur la tranquillité de l’existence ?

Fukuda Kodojin fut d’abord un poète de haïku, classique d’abord il se rallia vite à  la manière moderne de Masaoka Shiki et vécu de ses haiku qu’il envoyait aux revues. Du poème à la peinture, sa vie semble le conduire à forger son propre style qui sera multiforme, à la fois classique et non conventionnel.

L’un des dernier peintre-poète ou peintre-lettré que connaisse le Japon, il conçoit le haiku et la peinture comme allant de pair, texte trouvant un écho dans l’image, ou le dessin, et la peinture prolongeant l’improlongeable, lui donnant corps, peut être, illustrant le lien fort  qu’entretient l’écriture et le dessin dans cette civilisation du pinceau. On retrouve dans ses peintures une modernité faite de liberté et d’appel à la sérénité, points, traits et aplats, le style semble se régénérer comme l’être se déploie, ce prunier en fleur est proche d’un pointillisme rythmique, presque musical à la façon d’un Michaux et procurant une joie contrastée. Est-ce l’univers du Haiku insufflé dans la peinture,  joie de vivre est liberté contagieuse à iriser la feuille, on y parle de vin, de poésie, utilisant parfois la couleur, procurant un liant apaisant.

Fukuda Kodojin

Fukuda Kodojin

Kodôjin, le “vieux Taoiste” perpétue la tradition de ces lettrés-sages orientaux qui appuyaient leur vies à l’étude des anciens et menaient une vie, de tranquillité et de modestie, créant avant tout pour eux-même et leurs amis.

Fukuda Kodojin, pin à Edo

Fukuda Kodojin, pin à Edo

Ce dessin à l’encre, semble inviter à s’éloigner du tapage et à une méditation aussi tranquille que joyeuse, contraste et douceur s’accommodant de la densité d’un mur de brique ou du feuillage, noir de l’encre vibrant d’un peu de couleur lumière d’un soleil qu’on imagine clair et vital.

 Qu’il soit né dans la région rurale de Wakayamade dans la petite ville de Shingu, explique peut être que ses peintures soient une ode à la beauté des paysages, de la nature et des campagnes, synonyme sans doute de la joie simple et tonique. Un idéal idyllique. De toutes les couleurs pures, brillantes et étalées comme une supplication attentive.

This slideshow requires JavaScript.

  Il admirait Tomita Keisen qui comme lui aimait les compositions et le travail de l’encre non conventionnel. Et même quand le noir et l’encre s’étale, rompt la perspective et s’effondre en gouffre d’eau, s’éclipse en gouttes de vapeur rejoignant le poème en chute libre, comme le pinceau épais écrit et trace le temps de la chute tout ce bruit dégringole.

s-01-04s-01-03s-01-02

quelques blogs :

http://sekisen-kyoto.com
manyoancollection.org

Sho Asakawa

Sho Asakawa, est une artiste japonaise adepte de l’encre que j’ai croisé sur le net par hasard. Le net favorise ces découvertes, de photos en liens, d’événements en définitions, la sérendipité est partout et nous ouvre les mondes. Curieux, qui désirons en savoir plus, découvrir et jeter une multitude de regards, apprendre, affiner, aiguiser, sautons comme à saute-mouton, découvrir ce monde rêvé qu’enfin je rêve. Car je l’avais cherché, et depuis longtemps.

3376645460

D’abord une image, une encre subtile et massive, secrète, abstraite, imprégnée de nature et dans ce geste cette texture qui sont la peinture, déroulent dans ce même instant une exactitude de la conscience. J’y entends la respiration, le souffle, l’air, l’attention portée à ce qui vibre, à ce qui tremble. L’encre et la fine musicalité des tons, naturelle incision, déclinaison, comme une pente de roc s’oriente vers l’océan et plonge, comme une épine de pin ou un arbre oscille dans le vent. C’est cette capacité à exprimer cela, à affirmer la présence par le souffle, sans métaphore, sans rugosité, par participation, perspiration qui a maintenu vivante ma fascination. La rencontre avec l’occident fut fructueuse, qui autorisa le hors piste, la prise de risque et de dévaler dans cet l’esprit asiatique qui cachait dans des marques le paysage, ce grand contentement. Ce ne sont plus des couleurs, des tons, l’espace mais respiration et tremblement.

sho-asakawa

Mais qui est cette peintre ? Une page d’un site la présente ainsi :

Sho ASAKAWA, née au Japon, vit et travaille en France depuis 1987. L’artiste, le plus souvent, peint ou dessine dans la Nature non pas tant pour y trouver du paysage que pour entrer en communication avec Elle et ses vibrations, la lumière, le vent, l’espace infini… Pudiquement, l’artiste parle de “sensation sacrée” ou de “béatitude”… Probablement ce qu’elle n’ose dire c’est la “jouissance” de ce rapport intime, “rimbaldien” pourrait-on dire… Souvenons nous : “Picoté par les blés, fouler l’herbe menue, Par la Nature, – heureux comme avec une femme”.

a-castelnau-le-lez-les-encres-sublimes-de-sho-asakawa-la_246169_650x325

Je cherche au Japon à confirmer et approfondir cette intuition, cette sensibilité qui est multiforme, toujours ailleurs que recherché, ces montagnes embrumées sans maisons me font être en communion avec le pressentiment lointain, venant loin depuis l’enfance, venant d’une sensibilité à la grande nature, comme une langue en dehors de toute forme, respire,

Sens de l’abstraction, qui pousse loin cette reconnaissance. Il ne suffit pas de toucher, il faut ingérer.  Il semble que les artistes contemporains japonais manient l’encre pour en arriver là, cet éternel présent serein, hors de tout temps dans toute chose. L’encre, mon médium préféré, tellement lié à cette culture de l’écriture, l’encre-matière vit , l’encre-eau pulse, dévale les ciels et les montagnes. Les poèmes, les suggèrent. Voila ce que cette peinture vient confirmer, à la suite de traditions qui ancrent cet esprit, à la suite d’une passion contemporaine, on pousse le présent aussi loin que possible et bien sûr, poursuivant une pratique qui place l’artiste au cœur des éléments, eau et suie, poils de cheval, papier de riz , le sentiment accueille ceci et se met à dialoguer de plein pied avec la matière du monde.

Elle dit elle même , ce que j’avais tenté à plusieurs moments de ma vie de peintre,  aller s’immerger dans la nature, non pour en retirer des lignes d’un paysage, non pour en retirer l’essence , faut il viser si haut, mais jouir de la respiration et vibration qui constituent la nature, nous contient, dialogue qui peut s’ensuivre entre soi oublié et l’écorce, la mousse ou le vent. La matière parle, le souffle vit, le poils du pinceau frémit. L’encre s’épanche aussi rigoureuse qu’indéfinie. Elle parle de sublimation, de rapport sacré, l’artiste dans la plénitude, l’anecdote évacuée, toute à l’encre.

Je me souviens de ma fascination pour la série des fleurs de Zoran Music. Une fascination que je sentais très proche de la nature profonde des fleurs et du végétal et que je retrouve ici. Peut être pas dans ces grands aplats d’encre de matière mais dans ces dessins plus intimes où la plante est laissée à ces méandres et souffles épurés de la ligne, de la masse, du rhizome, de la boucle et du bouton. On écoute la fleur qui est musique, comme le dit donne à l’entendre Aya Nishina dans ses pièce de musique abstraites. Le papier prend toute sa matérialité et dit nous sommes dans la matière mais mieux nous sommes dans l’esprit, dans la musique, dans la poésie. Mais nous sommes dans la respiration et dans ce qu’ici nous nommons improprement la nature. Il doit y avoir un meilleur mot, la respiration. Le peintre, lui même matière, lui même respiration. Le végétal à peine esquissé on est plongé dans le mystère et son frémissement. La délectation

1378717581_asakawa-sho-la-dalectation-4-100cmx-100cm-encre-de-chine-2013 1378717568_asakawa-sho-la-dalectation-3-100cmx100cm-encre-de-chine-2013 1378717555_asakawa-sho-la-dalectation-2-100cmx-100cm-encre-de-chine-2013 1378717537_asakawa-sho-la-dalectation-1-100cmx100cmencre-de-chine-2013

Hine Taizan

Hine Taizan (1813-1869) fut un des peintres lettrés de Kyoto de la fin du 19ème siècle (période d’Edo). Il fut l’élève d’Hidaka Tetsuo, le peintre moine de Nagasaki , héritier de l’art des peintres chinois. D’origine modeste et paysanne Hine Taizan parvint néanmoins à devenir l’élève d’Okada Hanko un artiste et poète renommé d’OSAKA ainsi que de Nukina Kaioku, érudit confucianiste de Kyoto dont l’influence fut décisive sur le choix de Taizan de se consacrer à la peinture delettrés. Il voyagea dans la région de Kumano pour y apprendre l’art de la peinture de montagne et finit par s’installer à Kyoto en tant que peintre où il acquit ‘un belle réputation.

image

Chute d’eau, encre sur soie (1868)

sources Copyright © 2014 BachmannEckenstein | JapaneseArt, All rights reserved.