Fukuda Kodojin fut d’abord un poète de haïku, classique d’abord il se rallia vite à la manière moderne de Masaoka Shiki et vécu de ses haiku qu’il envoyait aux revues. Du poème à la peinture, sa vie semble le conduire à forger son propre style qui sera multiforme, à la fois classique et non conventionnel.
L’un des dernier peintre-poète ou peintre-lettré que connaisse le Japon, il conçoit le haiku et la peinture comme allant de pair, texte trouvant un écho dans l’image, ou le dessin, et la peinture prolongeant l’improlongeable, lui donnant corps, peut être, illustrant le lien fort qu’entretient l’écriture et le dessin dans cette civilisation du pinceau. On retrouve dans ses peintures une modernité faite de liberté et d’appel à la sérénité, points, traits et aplats, le style semble se régénérer comme l’être se déploie, ce prunier en fleur est proche d’un pointillisme rythmique, presque musical à la façon d’un Michaux et procurant une joie contrastée. Est-ce l’univers du Haiku insufflé dans la peinture, joie de vivre est liberté contagieuse à iriser la feuille, on y parle de vin, de poésie, utilisant parfois la couleur, procurant un liant apaisant.
Kodôjin, le “vieux Taoiste” perpétue la tradition de ces lettrés-sages orientaux qui appuyaient leur vies à l’étude des anciens et menaient une vie, de tranquillité et de modestie, créant avant tout pour eux-même et leurs amis.
Ce dessin à l’encre, semble inviter à s’éloigner du tapage et à une méditation aussi tranquille que joyeuse, contraste et douceur s’accommodant de la densité d’un mur de brique ou du feuillage, noir de l’encre vibrant d’un peu de couleur lumière d’un soleil qu’on imagine clair et vital.
Il admirait Tomita Keisen qui comme lui aimait les compositions et le travail de l’encre non conventionnel. Et même quand le noir et l’encre s’étale, rompt la perspective et s’effondre en gouffre d’eau, s’éclipse en gouttes de vapeur rejoignant le poème en chute libre, comme le pinceau épais écrit et trace le temps de la chute tout ce bruit dégringole.
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